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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/135

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telligence humaine… ? » Mais, précisément, mieux que ne pourrait le faire aucune autre, cette phrase atteste qu’il considérait le christianisme comme un système de morale humaine, une création philosophique qui prenait un rang chronologique parmi d’autres manifestations de l’intelligence, un « rêve » parmi les autres rêves, une aurore après d’autres aurores. Et sa pensée ici est exactement celle du Dies iræ :


Salut ! l’humanité, dans ta tombe scellée,
Ô jeune Essénien, garde son dernier Dieu !


Dans ta tombe scellée, car il n’y eut pas de résurrection, car il n’a jamais cru que Jésus fût le fils de Dieu. Toujours il admira en lui « le fils du charpentier ».


Enfant toi le plus beau des enfants d’un mortel !
… Ou plutôt rêvais-tu de ta mère au doux nom
De ta mère à genoux baisant ton tendre front
Qui deviendra le front de l’homme ?

(Issa ben Mariam, 1840.)


S’il avait la foi en un Christ Dieu, hésiterait-il de la sorte entre Dieu et Brahma ?


Céleste enfant, quel rayon t’anima ?
De notre Christ es-tu quelque doux ange ?
Ou de l’aurore, au souffle de Brahma,
Un blanc génie aux ailes de topaze ?

(À une Indienne, 1839.)


Il salue Lamennais comme un « prophète », allègue-ton, et l’on ne cite de l’Ode à Lamennais que les vers où il le loue pour des révélations de philosophie libérale :