Aux citoyens membres du Gouvernement
provisoire[1] :
- « Citoyens,
« Les soussignés, jeunes créoles de l’île de la Réunion présents à Paris, viennent porter leur adhésion complète, sans arrière-pensée, au Gouvernement de la République.
« Nous acceptons la République dans toutes ses conséquences.
« L’abolition de l’esclavage est décrétée, et nul Français n’applaudit plus énergiquement que nous, jeunes créoles de l’île de la Réunion, à ce grand acte de justice et de fraternité que nous avons toujours devancé de nos vœux.
« Nous tenons pour insensés et ennemis de leur pays ceux qui oseraient opposer une résistance coupable au décret libérateur du Gouvernement provisoire.
« Que nos frères de France ne suspectent pas notre bonne foi ! Qu’ils songent combien il serait injuste de faire peser sur nous la responsabilité d’une iniquité séculaire dont nous n’avons point accepté l’héritage.
« Nous sommes les enfants du présent ; nous nous constituons ici les représentants de l’idée nouvelle dans les colonies, et, à ce titre, nous nous présentons devant vous dans l’espoir que vous nous permettrez de nous associer au grand mouvement que la France vient d’imprimer au monde entier. »
A. Lacaussade, Lépervanche, G. Vinson, Dubourg, Gaillande, Leconte de Lisle, Martin, Boursault, Barbaroux, Simon, G. Toulorge, G. Bédier, A. Reilhac, Sully Brunet, B. Houarau, Lecoutour, P. Deheaulme, C. La-
- ↑ Voici cette adresse que des biographes ont généralement qualifiée de « lettre éloquente ». Elle est indiscutablement de Leconte de Lisle, ainsi que le rapportent les souvenirs. Les signataires ont supprimé leurs particules nobiliaires.