Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viduel fait le bonheur général. » Vaste poème de pédagogie naturiste.

D’autre part, tandis que Mably fait l’apologie des Spartiates, l’école des athées présidée par d’Holbach écrit tous les ouvrages antichrétiens sous des noms athéniens ; en son ensemble, le mouvement philosophique du siècle « porte la morale à se séculariser par retour aux traditions grecques ». C’est en 1789 que paraît le Voyage d’Anacharsis où les jugements de Barthélémy sur les institutions de Sparte rappellent fréquemment les paradoxes de Rousseau et de Mably. Le génie de la Révolution est athénien : les Français avaient essentiellement de commun avec les Grecs cela qu’ils se croyaient appelés à faire connaître la liberté et la vérité aux Barbares[1] avec une entière confiance en eux-mêmes ; ils se considèrent « le représentant, le défenseur et le propagateur des idées qu’ils tiennent pour salutaires à toute l’humanité ; jamais le génie français n’affecta plus hautement la prétention de réformer tous les peuples, de leur donner l’exemple, de pratiquer à leur égard une politique d’affranchissement »… « La déclaration d’août 1789, si claire et généreuse, n’est, en définitive, autre chose qu’une idée grecque, élargie, rajeunie, fécondée par l’esprit moderne. » (Egger.) Un député de la Constituante fait demandera la Bibliothèque Nationale un exemplaire des Lois de Minos pour en extraire quelques articles à l’usage des citoyens français, « naïveté inspirée par les souvenirs du Télémaque et de Salente ».

  1. Ainsi Leconte de Lisle appelle-t-il les Prussiens dans le Sac de Paris.