Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

timents aidèrent Leconte de Lisle à recomposer la vie pleine de génie et de cœur de Dupleix. En quelque sorte, celui-ci fut un de ses modèles, et, à en faire l’éloge Leconte de Lisle confirmait en soi les qualités qu’il s’efforçait le plus d’y développer : caractère grave et taciturne de l’adolescent que son père embarque d’autorité, justesse hardie des observations, instinct infaillible qui suppléait en lui les lenteurs de l’expérience, promptitude de décision et persévérance ;


La conquête de l’Inde devint le but secret de sa vie, conquête armée au besoin, sans doute, mais surtout pacifique, fondée en principe sur la solidarité des intérêts commerciaux entre les races indigènes et la France, sur les cessions de territoires ou leur annexion volontaire, et par suite sur l’assimilation des mœurs. Dessein vaste et brillant, digne de l’ambition d’une noble esprit[1].


De même dans la biographie, attentivement détaillée, de La Bourdonnais, il déclare son admi-

  1. Considérez aussi cette appréciation très personnelle de la conduite de Dupleix. Celui-ci eût dû résister aux ordres de la Compagnie :

    « Peut-être eût-il été du devoir strict de Dupleix de sauvegarder nos immenses possessions acquises et l’avenir plus brillant encore qui nous était promis, en déchirant des ordres absurdes. Sa popularité, la confiance sans borne des nations indigènes, le dévouement de l’armée, tout lui permettait d’agir, le salut même de la France orientale, qu’il avait fondée et qui allait être anéantie, le lui prescrivait. Mais il sacrifia malheureusement ces considérations d’intérêt général à son désintéressement personnel ; il crut qu’il était de sa dignité de se soumettre avec autant de calme qu’il avait apporté d’ardeur et de persévérance dans l’action. Ce fut son unique erreur, mais elle était irréparable. Il mit un héroïque orgueil à renseigner Godeheu, il obtint de Bussy qui voulait tort abandonner pour l’accompagner en Europe qu’il poursuivrait seul l’accomplissement de leur œuvre commune. »