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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/347

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orgueil révolté, forgea un grand bouclier, à l’exemple de celui d’Homère, et qu’il orna multiplement d’héroïques attitudes ; Leconte de Lisle, d’énergie plus sobre, grave une médaille d’un inaltérable relief. D’ailleurs on peut à peine songer à l’Année terrible en redisant le Sacre de Paris, — la vision en est trop ramassée, l’accent virilement contenu, l’inspiration dirigée, — mais plutôt au verbe savant et décisif d’un homme de lutte et qui voulait tendre des énergies, d’un contemporain que Leconte de Lisle méconnut, mais qu’il appartenait à la postérité de réconcilier avec lui dans ce rapprochement, à ce que Blanqui, parallèlement, écrivait dans la Patrie en danger.

À la période de l’orateur s’oppose, fraternelle et comme pour la soutenir en un groupe allégorique, la strophe du poète :


La gloire de Paris est sa condamnation… Sa lumière, ils veulent l’éteindre ; ses idées, les refouler dans le néant. Ce sont les hordes du Ve siècle, débordées une seconde fois sur la Gaule, pour engloutir la civilisation gréco-romaine, son aïeule… N’entendez-vous pas leur hurlement sauvage : « Périsse la race latine ! »… C’est la férocité d’Odin, doublée de la férocité de Moloch, qui marche contre nos cités, la barbarie du Vandale, et la barbarie du Sémite. Défendons-nous et ne comptons plus personne.


Ville auguste, cerveau du monde, orgueil de l’homme.
          Ruche immortelle des esprits,
Phare allumé dans l’ombre où sont Athène et Rome,
           Astre des nations, Paris !
… Nourrice des grands morts et des vivants célèbres,
           Vénérable aux siècles jaloux,