Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le peuple s’est admirablement conduit. C’est le gouvernement provisoire qui a été d’une impéritie sans ég’ale. Les chefs « n’agissaient pas », rien n’était fait de ce qui devait se faire, on ne forgeait ni canons ni fusils, quoiquela matière etles ouvriers abondassent, les opérations militaires étaient mal menées et l’on consumait un temps précieux dans l’inaction[1].


Ici, les hommes de toutes les opinions ont été unanimes à rejeter Trochu des listes électorales. Si Paris a résisté pendant cinq mois au blocus, à la faim, au bombardement, c’est uniquement parce que la population, tout entière l’a voulu, malgré les hésitations, les lenteurs, les refus d’agir, l’incapacité flagrante de nos gouvernants. Voilà l’exacte vérité telle qu’elle sera établie devant rassemblée, non seulement par les députés écarlates de Paris, mais par les amiraux commandant les secteurs et les forts. Le fait est que nous avons été, depuis le commencement de cette guerre absurde, les victimes perpétuelles de prétendus plans de nos généraux, y compris le plan de Trochu, dont le résultat le plus clair consiste en ceci : vingt mille hommes inutilement sacrifiés dans trois sorties déplorablement conçues et menées, plus la reddition de tous nos forts, de tous nos fusils et de toute notre artillerie, sous prétexte d’armistice. En somme, l’immense majorité des Parisiens considère Trochu comme un traître. Je crois qu’ils sont dans l’erreur et que ce n’est qu’un homme nul. Cependant, il est juste d’attendre les explications de ces Messieurs devant l’Assemblée, si toutefois on leur demande des explications et s’ils en donnent…


La défiance que l’Assemblée nationale témoigne

  1. Lettre du 19 octobre.