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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/425

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Car il n’est pas sans l’avoir observé, c’est à se rappeler son pays qu’une inspiration plus vive l’élève au-dessus de soi-même et lui communique la certitude de sa vocation : banal, prosaïque d’ordinaire, le vers des débuts prend aussitôt de l’ampleur, une couleur chaude, une intonation d’altitude et de plénitude. Et comme c’est précisément l’époque où, craignant de s’éparpiller en aventures sensuelles, il médite sa théorie de l’amour platonique, il choisit en son île, image d’une nature éternellement suave, l’objet d’un amour platonique : il en rêve à distance, il l’évoque fervemment, il en fait le sujet absent et précis de ses méditations, et c’est une façon de confier encore sa jeunesse à l’enseignement de ses paysages, utilisant la mémoire (le sa terre natale comme la plus féconde méthode d’éducation.

Il lui fut donné de rentrer à Bourbon. Il le désirait avec la conscience que ce devait être à la nature de son pays de déterminer l’homme, de concentrer l’esprit, comme elle avait bercé l’enfant et dilaté son âme expansive et aventureuse. Il revint dans son île avec la certitude qu’il lui était indispensable d’aller abriter aux solitudes créoles les années de recueillement où se décide le caractère : il s’effrayait de penser que ces années, passées dans la monotonie de la nature bretonne qui n’était pas la sienne, pourraient troubler et fausser son tempérament.

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1843 à 1845 : durant ces années passées à Bour-