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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/464

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des origines farouches de l’humanité ; — sourde et vibrante émotion du poète en présence du spectacle que la science et l’art se sont joints ensemble pour lui « suggérer » ; fermeté de la langue, beauté des mots, richesse ou plénitude des rimes, tout ici concourt ensemble et se multiplie l’un par l’autre. Vous constaterez une fois de plus aussi dans ce même poème qu’impersonnalité n’est pas synonyme d’indifférence ou d’impassibilité, et Vigny lui-même n’a rien fait de plus éloquent que les imprécations de Quain contre son créateur. Vous y verrez encore à quel point tout diffère dans les Poèmes barbares et dans cette Légende des Siècles à laquelle on les a si souvent comparés : l’inspiration, le dessin, la facture, le caractère, l’effet, la forme et le fond, le style et l’idée. Que s’il faut que l’un des deux poètes ait « imité » l’autre, vous vous rendrez compte, en passant, que c’est Victor Hugo, puisqu’il n’est venu qu’à la suite… Vous conclurez. Messieurs, que l’on ne saurait mieux définir la part propre de M. Leconte de Lisle dans l’évolution de la poésie contemporaine qu’en disant qu’il y a réintégré le sens de l’épopée. »

Ferdinand Brunetière : l’Évolution de la poésie
au XIXe siècle
(Hachette et Cie, 1893).


Ce que son exemple enseignait d’abord, c’était la religion de l’art et le respect étroit de la forme. Aucune leçon nécessaire alors, aux environs de 1852, si,dans le silence que gardait Hugo depuis une douzaine d’années, la désinvolture de Lamartine et le dandysme littéraire de Musset ayant fait école on n’avait besoin de rien tant que de rapprendre à faire des vers qui fussent des vers. Il n’y en a pas de plus beaux dans la langue française que ceux de Leconte de Lisle... Si jamais on a peint en vers, ou pour mieux, si jamais on a « sculpté » c’est dans les siens. »

Ferdinand Brunetière.



De l’antiquité.


J’ai lu Leconte ; eh bien, j’aime beaucoup ce gars-là, il a un grand souffle, c’est un pur (souligné). Sa préface aurait