Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LECONTE DE LISLE

sa foi gouvernementale. Ce jeune « sauvage », ce jeune fauve d’Afrique l’effraie, ne peut manquer d’être en le pays matière à scandale. Tous les renseignements flatteurs dont le prévient le père ne font qu’accroître défiance et mécontentement. En vain, celui-ci, en lui recommandant son fils, fait-il ressortir que Charles est « insouciant du linge, peu soucieux de voir le monde, point habitué à garder de l’argent, très étourdi, d’une conduite très pure, égal et très poli », il formule des observations personnelles tout opposées. Voici : Charles « affecte un mépris sauvage pour tout ce que l’on est convenu de respecter dans la société » ; il a une « prétendue myopie » qui paraît être de l’affectation, de la pose, il est inégal, peu poli ; « il dépense trop en achats de livres et pour sa toilette » ; l’oncle signale certains déportements de ce garçon qui n’est pas du tout la « demoiselle annoncée ». Enfin le désintéressement des observations purement psychologiques cédant place à la si légitime crainte que nourrit le maire de Dinan d’être compromis par son neveu, il critique ses « opinions politiques, qui affectent une exagération blâmable : Charles est républicain ! »

Républicain ou bohème alors, c’est tout un.


Charles, de son côté, se plaint à son ami Rouffet, dont il a fait la connaissance à Rennes, dans un premier et court passage avant de venir à Dinan, du milieu officiel, froid et arriéré :


Il faut que je vous explique ma nouvelle position. Je