en effet, comme je lui démontre l’impossibilité pour le président du Conseil de n’être pas au siège du gouvernement, de déléguer sa signature au vice-président du Conseil.
Nous nous séparons, chacun restant sur ses positions.
19 juin. — Conseil des ministres à 9 heures. On a reçu le matin la réponse du gouvernement du Reich à la demande qui lui a été adressée par l’Espagne. Il propose l’envoi par la France de plénipotentiaires pour recevoir les conditions de cessation des hostilités.
Le Conseil procède à la désignation de la délégation. Elle sera présidée par le général d’armée Huntziger et comprendra en outre l’ambassadeur Léon Noël, le vice-amiral Le Luc, le général de corps d’armée Parisot et le général de l’Air Bergeret.
En même temps, on prie l’ambassadeur d’Espagne de demander au gouvernement allemand d’arrêter la marche des armées allemandes dans la direction de Bordeaux ; le gouvernement français désire pouvoir délibérer en toute indépendance. Le commandement ennemi reste d’abord muet, puis il promet, mais n’en fait rien. Les armées continuent inexorablement leur marche en avant. Deux fois je dois demander l’envoi d’un nouveau télégramme.
Quelques jours après, on signale la présence d’officiers allemands dans Bordeaux même. En tout cas quand je quitterai cette résidence le 29 juin, des soldats allemands assureront la police des faubourgs et dirigeront le sens unique dans les rues ; c’est devant la croix gammée que les membres du gouvernement devront défiler.
Rien ne prouve mieux que la garantie donnée était illusoire ; si le gouvernement avait refusé les conditions d’armistice, il pouvait être fait prisonnier. Ainsi en proposant de se retirer sur un sol libre, les trois présidents adoptaient une attitude de dignité et de clairvoyance et non d’abandon et de trahison, comme le prétendaient alors M. Laval et tous les timorés qu’il entraînait à sa suite.
Dans la nuit se produit un bombardement de Bordeaux faisant de nombreuses victimes dans la population civile. Étrange procédé de l’ennemi. Rien ne peut mieux marquer sa volonté de faire pression sur le gouvernement français