neur se dérober à son application. Ce raisonnement eût été fondé si, de son côté, l’Allemagne avait été fidèle à sa signature. J’estime que sa seule attitude à l’égard de l’Alsace constituait une telle violation de l’armistice que la France pouvait reprendre sa liberté d’action. Quand des membres du gouvernement se flattaient dans leurs discours d’appliquer la convention d’armistice dans « l’honneur et la dignité », je répondais au fond de ma conscience : « dans le déshonneur et l’indignité. »
Par ailleurs, en imposant à la France une indemnité journalière pour frais d’occupation de 400 millions, abaissée ensuite à 300 millions, relevée enfin à 500 millions, soit un milliard tous les deux jours ; en réquisitionnant dans notre pays des quantités considérables de matières diverses, et en ne lui laissant qu’une ration alimentaire très insuffisante alors que les Allemands jouissaient d’un bien meilleur régime ; enfin et surtout en déportant outre-Rhin nos jeunes gens pour en faire de vrais esclaves au service de la machine de guerre allemande, on peut dire que l’ennemi n’a eu aucune considération pour nous ; il s’est abandonné avec frénésie à ses mauvais instincts de domination et de rapine.
Il n’avait pas su dominer sa victoire ; comment eussions-nous dominé notre défaite !
14 juillet. — Je rends au maréchal sa visite à l’hôtel du Parc. Je suis frappé par l’agitation qui règne à l’hôtel, par le nombre de personnes circulant dans les couloirs et les escaliers, par la petitesse des pièces, par l’incommodité de l’installation. Je conseille au maréchal de se transporter à l’hôtel Sévigné où j’ai séjourné ; là règnent le calme, l’ordre et la discrétion. Il n’en fera rien d’ailleurs.
Nous reprenons la conversation de la veille. La composition du ministère avait paru depuis, sauf en ce qui concerne le titulaire du Travail. N’est-ce pas indiscret de lui demander s’il a fait un choix pour ce portefeuille ? Il me répond que son choix s’est porté sur M. D…, industriel, qu’il a reçu la veille et qu’il trouve fort bien. Le lendemain j’appris que le portefeuille était échu à M. Belin, vice-président de la C. G. T.
Cet incident me montra que, en ce domaine comme en