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Page:Lebrun - Témoignage, 1945.djvu/142

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témoignage

ranger moralement à ses côtés sans d’ailleurs prendre part à la lutte. Elle avait ainsi l’espoir de se voir imposer des sacrifices moins lourds au moment du règlement de comptes. « Faire la paix la moins mauvaise possible et, pour y arriver, nous placer dans les meilleures conditions, celles d’une collaboration loyale avec l’Allemagne et l’Italie, » disait M. Laval dès le 8 juillet 1940 à Vichy.

Comment apparaissaient dès ce moment les chances de victoire du Reich ?

Si la France avait dû déposer les armes, ce n’est pas que ses soldats fussent moins valeureux et ses chefs moins habiles que ceux de l’adversaire. Elle avait succombé sous le choc d’un ouragan de fer et de feu à quoi rien ne pouvait résister ; tanks et stukas, par leur puissance et leur nombre, avaient décidé du sort de la bataille. La guerre continuait. Il suffisait que le parti adverse arrivât avec le temps à mettre sur pied une machine de guerre encore plus puissante pour contraindre la victoire à changer de camp.

Or l’Angleterre unissant les forces de la métropole à celles des Dominions, de l’Inde et des colonies, s’apprêtait à résister de toute sa puissance virile aux assauts de l’ennemi, suivant les propos de son Premier ministre qui déclarait dès le 4 juin 1940 : « Nous défendrons notre île à tout prix. Nous combattrons sur les plages, nous combattrons sur les terrains d’atterrissage, nous combattrons dans les champs, dans les rues, nous combattrons sur les collines ; nous ne céderons jamais. »

On sait par l’histoire la valeur d’un tel serment de la vieille Albion qui a rarement perdu la dernière bataille des guerres.

Par ailleurs, les États-Unis mettaient dès ce moment toute leur puissance industrielle au service des armées de la liberté en attendant que, sous l’inspiration de leur courageux et clairvoyant président, ils se décidassent à entrer à leur tour dans la lutte.

Enfin, il n’était pas besoin d’être prophète pour penser que l’union fortuitement réalisée du nazisme et du bolchevisme ne résisterait pas à l’opposition des deux régimes, et que les deux géants du centre et de l’orient de l’Europe se dresseraient un jour l’un contre l’autre.