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chapitre vi

GRANDEURS ET SERVITUDES
DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE


Dans une grande démocratie libre comme la France, chaque citoyen devrait être informé des principes généraux qui régissent la Constitution. Il n’en est rien, touchant notamment les pouvoirs et les prérogatives du président de la République.

Il est, dit-on communément, le chef de l’État. « Il dispose de la force armée ; il nomme à tous les emplois civils et militaires…, etc. » Il doit agir. Si les affaires ne vont pas au gré de chacun, on a tendance à lui en demander compte.

On oublie que, sauf dans le domaine des grâces où il prend telle décision que lui dicte sa conscience, il n’a aucun pouvoir direct. Tout décret soumis à sa signature doit être contresigné par un ministre. Le pouvoir est aux mains du gouvernement responsable devant les Chambres où réside la souveraineté.

Une telle situation, dictée par la Constitution de 1875, risque de mettre le président dans l’embarras lorsqu’il est appelé à sanctionner des mesures qu’il réprouve. Que doit-il faire ? Démissionner et ouvrir ainsi une crise présidentielle peu propice au calme du pays ? Ou bien, fort de son irresponsabilité, approuver à contre-cœur les décisions qui lui sont proposées ?

Je voudrais exposer quelques-unes de mes impressions personnelles touchant cette grave question. Peut-être