voies d’une rénovation morale que commandent les circonstances ?
« La parole vous est donnée. Il vous appartient d’en décider. Vous y parviendrez si, dans la libre expression d’une pensée réfléchie, il vous convient de vous inspirer des intérêts supérieurs et permanents de la patrie.
« D’abord il faut reprendre confiance. La foi dans l’avenir est une vertu civique. L’action que n’accompagne pas l’espérance reste inefficace. La meilleure manière d’amener le triomphe du mieux est encore d’y croire au lieu de s’abandonner à je ne sais quel pessimisme destructeur de volonté et d’énergie. »
Après avoir montré que, dans les domaines des finances et de l’économie, de grandes améliorations avaient été déjà réalisées, je concluais en disant :
« Aussi bien la France n’a-t-elle, pour garder un bon moral et se soustraire aux accès d’humeur qu’une sotte manie de dénigrement développe parfois chez elle, qu’à considérer l’œuvre accomplie depuis la guerre dans des conditions pourtant bien sévères.
« Alors qu’elle avait perdu près de 1 500 000 de ses meilleurs enfants et subi sur une partie importante de son territoire une destruction effroyable, elle a su d’abord réparer ces dommages, faire renaître la vie dans ses dix départements dévastés, y ranimer ses industries détruites, rendre au sol sa belle fertilité et cela pour la plus large part avec ses ressources propres.
« Elle a établi le long d’une frontière menacée un système de fortification qui représente le travail le plus considérable dans ce genre qui ait jamais été dressé sur un point quelconque des continents. Elle a perfectionné son équipement dans divers domaines : habitation, distribution d’eau et d’électricité, outillage des ports.
« Associant la puissance de ses chantiers navals, la science de ses ingénieurs et l’habileté de ses artistes, elle a construit le navire le plus grand, le plus rapide, le plus beau ; son arrivée l’été dernier à New-York a suscité dans la grande république américaine un enthousiasme dont il faut avoir recueilli les échos sur place pour en mesurer l’ampleur.