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Page:Lebrun - Témoignage, 1945.djvu/43

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« comment mourut la paix »

« Elles sauront élever leur âme à la hauteur des plus grandes résolutions. Soyons unis. Vive la France ! (Les sénateurs se lèvent et applaudissent longuement.) »

M. Daladier prononce ensuite un discours remarquable dans le fond et dans la forme, qu’on ne peut relire, après quatre années écoulées, sans éprouver une émotion profonde. Chaque phrase est soulignée de longues acclamations et quand le président du Conseil descend de la tribune les membres de l’Assemblée siégeant à gauche, à l’extrême-gauche, au centre et à droite se lèvent et applaudissent longuement.

Qu’a dit M. Daladier ? Après avoir fait un exposé détaillé des événements politiques des dernières années, montré les agressions successives du Fuhrer dans les affaires d’Autriche, des Sudètes, de Tchécoslovaquie et de Pologne, rappelé les efforts désespérés tentés par les plus hautes autorités du monde pour sauver la paix, il déclare :

« À moins que le gouvernement allemand ne soit disposé à donner au gouvernement français et au gouvernement de Sa Majesté des assurances satisfaisantes qu’il a suspendu toute action agressive contre la Pologne et est prêt à retirer promptement ses forces du territoire polonais, le gouvernement français comme le gouvernement de Sa Majesté remplira sans hésitation ses obligations à l’égard de la Pologne. »

M. Daladier conclut :

« En ces heures où se décide le destin de l’Europe, la France nous parle par la voix de ses fils, par la voix de tous ceux qui ont déjà accepté, s’il devient nécessaire, le suprême sacrifice. Retrouvons, comme eux, l’esprit qui anima tous les héros de notre histoire. La France ne se dresse d’un pareil élan que lorsqu’elle a conscience de lutter pour sa vie et pour son indépendance. C’est la France qui commande aujourd’hui. »

Au cours du débat qui suit, le président de la Chambre insiste sur la gravité de la situation. Il dit notamment :

« Le même homme qui a fait disparaître l’Autriche, qui a martyrisé les Tchèques, qui a peuplé le monde entier d’exilés, recourt une fois de plus à la force avec un mélange de brutalité et de fourberie par de cyniques procédés. »