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chapitre ii

LA BATAILLE DE FRANCE


On a beaucoup écrit sur les causes de la défaite de la France en mai-juin 1940. Elles ont été exposées dans de nombreux articles de journaux ou de revues, dans des livres tels que : Les causes de notre effondrement, Les causes militaires de notre défaite, Pourquoi et comment fut décidée la demande d’armistice, De l’armistice à l’Assemblée nationale, Défaite et redressement de la France, etc…

Certaines de ces publications sont entachées de plusieurs défauts.

D’abord, elles ont paru trop tôt, avant qu’on ait eu le loisir de rassembler les documents indispensables, de confronter les faits, d’asseoir la vérité et surtout avant que les hostilités où la France était engagée soient terminées. Les magnifiques victoires remportées depuis par l’armée française doivent être mises en balance avec les échecs du début. La France avait perdu une bataille, comme l’affirmait le général de Gaulle dès juin 1940, elle n’avait pas perdu la guerre. La moindre prudence conseillait d’attendre la fin du combat pour l’apprécier dans son ensemble.

Par ailleurs, quelques-uns de ces écrits sont empreints de passion. On sent que certains partis politiques, écartés jadis du pouvoir, sont heureux de prendre leur revanche. Pour un peu, ils se satisferaient des malheurs de la patrie dans la mesure où il leur est permis d’en faire état pour accabler leurs adversaires de la veille.

Enfin, on raisonne dans l’absolu et non dans le réel. On ne parle que de la France et de l’Allemagne. On compare