couvrir à brûle-pourpoint leur flanc gauche qui s’étendait dès lors jusqu’à la mer, sur une distance de près de 50 kilomètres ; autrement toute notre armée eût été isolée… »
Encore une fois je ne juge pas, je ne blâme pas. Je n’en ai ni le droit ni le désir. Rien ne pourra me distraire des sentiments de sincère et profonde sympathie que j’ai toujours eus pour la Belgique où je compte tant d’amis personnels. Je dis seulement aux Français qui ont écrit avec tant de légèreté sur ces événements, ayant à apprécier la part de responsabilité française : « Vous n’avez pas le droit de taire de tels faits ou de les présenter sous un aspect contraire à la vérité ; sinon, vous commettez une injustice flagrante à l’égard de votre pays. »
Les principales forces dont les Alliés pouvaient faire état à côté de celles de la France étaient celles de la Grande-Bretagne. Sans doute, son armée de terre avait besoin d’un certain temps pour se constituer fortement comme en 1914, puisqu’elle venait seulement d’adopter le service obligatoire (mars 1939). Mais elle avait sa puissante marine, en fait maîtresse des mers. Beaucoup pensaient même que l’Allemagne n’oserait jamais entrer en conflit avec l’Angleterre tant qu’elle n’aurait pas parfait sa propre puissance maritime. Il y avait aussi l’armée de l’Air, de formation récente, mais déjà redoutable, un avenir prochain allait l’établir.
Ces diverses forces ont-elles apporté aux armées françaises le concours qu’on en pouvait attendre ?
Au moment où le général Weygand prenait le commandement des troupes alliées, l’heure était critique. Notre 9e armée bordant la Meuse de Namur à Sedan, entre les 1re et 2e armées, avait été disloquée par l’attaque massive et brutale de 8 panzerdivisionen et acculée à une retraite hâtive. Elle ne présentait plus de résistance sérieuse. Les blindés allemands fonçant dans la brèche ouverte dans nos lignes, s’étaient lancés audacieusement vers l’ouest, descendant la Somme jusqu’à Abbeville.