chapitre iii
DE PARIS À BORDEAUX ET À VICHY
Le 25 mai 1940 se tient le dernier Comité de guerre réuni à Paris. Y assistent, à mes côtés, le président du Conseil, le maréchal Pétain, les trois ministres de la Défense nationale, les chefs d’état-major général des armées de terre, de mer et de l’air, et le secrétaire du Comité.
Le général Weygand y fait un tableau de la situation militaire après les combats malheureux livrés sur la Meuse et entre la Sambre et la Meuse. Il indique la manœuvre stratégique qui va être exécutée en vue d’arrêter les divisions blindées allemandes aventurées le long de la Somme vers l’Ouest.
M. Paul Reynaud envisageant le cas où cette manœuvre ne réussirait pas — c’est en effet ce qui advint — et où il faudrait redouter une marche des armées allemandes vers Paris, consulte le Haut Commandement sur l’attitude à suivre par le gouvernement.
Le général Weygand émet l’avis que le gouvernement ne doit pas quitter la capitale, ainsi qu’il le rappellera plus tard devant la Cour de Riom.
Le président du Conseil et moi-même nous faisons toutes réserves.
À supposer, disais-je, qu’après ses premiers succès en France, l’ennemi renouvelle sa proposition de cesser les hostilités comme il l’a fait au lendemain de la campagne de Pologne, il faut que le gouvernement français soit en situation d’examiner cette proposition, fut-ce pour la repousser, à tête reposée, c’est-à-dire hors de l’emprise de l’ennemi. On