du gouvernement, mais elle n’est pas sans produire une certaine impression sur ceux de ses membres dont l’opinion n’est pas fortement ancrée.
M. Reynaud propose qu’une nouvelle démarche soit tentée auprès du président Roosevelt ainsi qu’il avait été décidé au Conseil suprême.
Sur la suggestion de M. Frossard, trois questions vont être approfondies : a) le gouvernement anglais fait-il sienne la promesse de M. Churchill et de ses deux collègues ? ; b) peut-on espérer l’aide des États-Unis ? ; c) qu’adviendra-t-il de la flotte de guerre ?
Le Conseil se sépare très tard. Tout le monde est fatigué, énervé ; le général chef d’état-major général se plaint en paroles sévères que toute décision favorable à sa proposition ait été rejetée.
14 juin. — Départ le matin de bonne heure. Arrivée à Bordeaux à 17 heures.
Notre itinéraire a été tracé en empruntant des voies départementales où la circulation était à peu près libre, en dehors des routes nationales encombrées par les réfugiés.
Observation générale : villes et villages sont pleins de soldats désœuvrés. Que font-ils là, inertes, quand on en aurait tant besoin ailleurs, quand nos armées qui se battent héroïquement depuis plusieurs semaines manquent de formations de réserve ? Mystère !
Les ministres installent leurs services dans divers immeubles publics : préfecture, quartier général, palais de Justice, Chambre de commerce, lycées, facultés, port autonome, école de santé navale, abattoirs, etc…
Pour ma part, j’occupe l’hôtel particulier du préfet que ce dernier a bien voulu mettre à ma disposition. C’est là que se tiendront les Conseils des ministres pendant le séjour du gouvernement.
Les souvenirs de mes voyages antérieurs à Bordeaux me hantent. J’y étais venu en 1912, comme ministre des Colonies dans le Cabinet Poincaré, pour visiter le port en relation constante avec les territoires d’outre-mer et pour présider une conférence au Cercle Vergniaud. J’y étais revenu en 1938 comme chef de l’État, à l’occasion de la fête annuelle du vin.