Page:Lecigne - Brizeux, sa vie et ses œuvres, 1898.djvu/23

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AVANT-PROPOS

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Il faudrait remonter bien loin si nous voulions raconter les origines de cette étude consacrée à Brizeux. Nous n’avions pas quinze ans que ses vers nous chantaient dans la mémoire : c’étaient les plus beaux, les plus frais, ceux qui procuraient à notre âme de jeune homme, presque d’enfant, la sensation que donne aux mains une feuille humide de rosée matinale, les Adieux du poète à sa mère, la Maison du Moustoir, le Convoi de Louise. Nous ne savions que ceux-là sur les bancs du collège, nous les déclamions entre camarades dans nos longues et monotones promenades d’hiver et à travers ces minces fragments, Brizeux nous apparaissait déjà dans la vérité de sa physionomie. Il avait pour nous toutes les qualités qui séduisent : la pureté, la noblesse, l’accent qui vient du cœur, le culte des choses saintes, une mélancolie douce qui allait à merveille aux besoins de notre jeune imagination.

Aussi, nos études terminées, notre premier soin fut-il de retourner au poète qui nous avait révélé la poésie elle-même. Les œuvres de Brizeux devinrent dès lors notre livre de chevet. Chargé d’une classe de belles-lettres, quand un vague ennui se trahissait