Page:Leclercq - Promenades dans les Pyrénées.djvu/31

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Armés d’un nouveau courage, nous poursuivîmes bravement notre petite expédition. Le soleil dardait sur nos têtes des rayons toujours plus ardents, et, dans le but de m’en garantir, j’enveloppai mon couvre-chef d’un foulard blanc. La réverbération des neiges devint à son tour insupportable : je me couvris le visage d’un voile de crêpe noir dont j’avais eu soin de me munir. En dépit de ces précautions, l’éclat des neiges m’empourpra la face ; et comme j’avais oublié d’emporter une paire de lunettes de couleur, je fus atteint le lendemain de violents maux d’yeux.

Nous fûmes bientôt en présence d’un petit bassin circulaire, connu sous le nom de lac d’Oncet. La base du Pic du Midi plonge dans ses eaux. Le lac était gelé et couvert d’une épaisse couche de neige. Étroitement encaissé entre de hautes montagnes, il est partout d’une grande profondeur et n’a point de rives. Il est surprenant de rencontrer un lac à une si grande élévation, car nous sommes ici à plus de deux mille mètres au-dessus du niveau de la mer. Je ne connais rien de plus calme que ces lacs de montagnes, placés au-dessus des orages, et que la tempête n’a jamais troublés : image fidèle de ces âmes recueillies qui vivent paisiblement loin des passions du monde.

Nous devions passer sur la pente de l’entonnoir,