Page:Leclercq - Promenades dans les Pyrénées.djvu/37

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En mesurant de l’œil la hauteur du sommet, il me semblait que nous devions l’atteindre bientôt ; mais les montagnes sont trompeuses, et les touristes novices sont souvent leurs dupes. À chaque instant, il vous semble que vous arrivez à la dernière cime ; vous croyez la toucher du doigt ; vous hâtez le pas, et néanmoins vous grimpez longtemps avant de l’atteindre. Vous y êtes enfin ; vous la tenez, cette cime tant désirée… Ô déception ! un autre sommet se dresse devant vous comme par enchantement. Il faut recommencer à l’instar de l’infortuné Sisyphe. À mesure que nous nous élevions, la montagne semblait s’élever avec nous.

Nous arrivâmes à une heure et demie au bout, de nos efforts. Un triple hourra retentit, et nous plantâmes nos piques sur le front sublime du Pic du Midi, qui depuis huit mois n’avait plus subi le pas de l’homme. Nous pouvions jouir pleinement de la satisfaction d’avoir dompté la montagne dans une saison où l’ascension en est réputée impraticable.