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matin par plusieurs sentinelles ; à quelques centaines de mètres de la Kommandanture et sans raisons apparentes, le maréchal de logis chef De Grève fut roué de coups par les sentinelles, coups de pieds, coups de poings, coups de crosses, lui furent prodigués avec une sauvagerie telle, que bientôt il roulait par terre. Indignés à la vue de cette scène scandaleuse, à laquelle nous devions assister impuissants, de nombreux prisonniers insultèrent les sentinelles, mais une autre scène bien plus révoltante encore, allait se dérouler sous nos yeux. Arrivés au camp, nos camarades furent ligotés aux poteaux, deux adjudants allemands attachèrent très étroitement le maréchal de logis chef De Grève, puis ils voulurent le photographier ; comme il faisait assez bien de contorsions pour qu’on ne puisse le faire, d’autres adjudants allemands vinrent à la rescousse, et, à cinq, ils commencèrent à frapper avec rage sur le malheureux De Grève, lié et incapable d’esquisser le moindre geste pour parer les coups. Cette scène indigne provoqua les protestations violentes et les huées des prisonniers, qui devinrent même assez menaçants ; un caporal, pour avoir dit vertement sa façon de penser aux adjudants allemands, fut immédiatement empoigné et jeté en prison, mais la scène devait bientôt changer. Le sous-lieutenant Van Roy, retenu arbitrairement parmi nous, sentant souffler un vent de révolte, calma les hommes et se rendit