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« Il est aujourd’hui la propriété de M. de Lescure qui a bien voulu nous le communiquer[1]. »

Ce cahier contient non pas 22 mais 40 feuillets, dont plusieurs ne sont pas coupés. Vingt sont couverts de l’écriture de Lucile, quinze seulement sont numérotés.

Outre la mention de la première page, M. de Girardot avait ajouté ou plutôt répété à la seconde page :

« ce cahier contient diverses
« poésies écrites par
« Lucile Duplessis femme
« de Camille Desmoulins
« m’a été donné par
« mademoiselle Duplessis
« sœur de Lucile, en 1834. »

Nous ne pensons pas que le baron de Girardot se soit dessaisi de ce document, en tout cas il le possédait encore il y a quelques mois car, au catalogue de la vente d’autographes composant sa collection (13 et 14 juin 1879), nous le retrouvons sous le no 268. Il nous a été cédé par M. Étienne Charavay qui s’en était rendu acquéreur à cette vente.

Ceci dit en ce qui touche la matérialité du recueil, arrivons aux poésies qu’il contient. Elles nous font connaître « les pensées de Lucile, à la veille et au lendemain de son mariage. Lorsqu’elle commença à y noter les vers qui la frappaient ou lui plaisaient, elle était évidemment déjà éprise de Camille. Amour contrarié, car M. Duplessis le père n’avait pas vu d’un œil très-favorable naître et grandir l’amour de Desmoulins pour sa fille....... Lorsque tout d’abord Camille s’ouvrit à lui sur ses projets, parla doucement, timidement d’union, il se heurta à un refus très-net de M. Duplessis, il put croire à une résolution inflexible. L’amoureux s’éloigna et madame Duplessis fut attristée, Lucile gémit. Et l’expression de cette tristesse, de cette intime douleur, on la retrouve dans les pièces de vers recueillies dans le petit cahier rouge de mademoiselle Duplessis.

« Ce sont là des vers amoureux, attendris, qui tous chantent les malheurs de deux amants séparés par la volonté paternelle. Lucile prend plaisir à les recopier, à les apprendre. Elle leur trouve sans nul doute la saveur âcre de ces mets qui rendent parfois la souffrance plus lancinante et plus cruelle. Celui qui s’appelait le berger Sylvain,

  1. Claretie, Camille Desmoulins, p. 141.