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Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/127

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Mais je garde aux splendeurs de l’Œuvre souveraine
L’inviolable foi dont mon cœur s’est armé,
Pour que la Vie, autour de mon destin, se traîne,
Comme un chœur de douleurs près d’un cercueil fermé.

Et, pour mieux ignorer quelle énigme se pose
Le sphinx aux yeux d’argent de la réalité,
Que la neige des lys et le sang de la rose
Se mêlent dans ma coupe à l’eau de vérité !

Car j’ai voué, fût-elle une ombre d’un mensonge,
Ma pensée ascétique à ce labeur sacré
D’appeler à la pure éternité du songe
Le monde que les voix de mon âme ont créé,

Et, fût-elle un reflet d’un prestige illusoire,
Né des limbes profonds de mon terrestre ennui,
Vécu la vision aux étoiles de gloire
Dont mon rêve innombrable ensemença ma nuit.