Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/137

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LE CAVALIER


 
Il me semble parfois, quand des mains forcenées
Saisissent aux naseaux mon cheval qui hennit,
Que je suis une forme équestre et de granit
Debout sur l’arche d’ombre où passent les années.

Haut cabré, l’étalon colossal que j’étreins
Domine une perspective monumentale,
Où sa queue héroïque, ainsi qu’un fleuve, étale
Sur le pavé sacré les ondes de ses crins,

L’art exact et savant de cette statuaire
A, sous les cheveux courts et le laurier latins,
Uni le dur profil des patrices hautains
A la splendeur athlétique d’un belluaire.