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LA SAGESSE D’ORIENT


 
L’ILLUSION

Laisse à ceux qui se croient des vivants, l’épouvante
De sentir, dans leur forme innombrable et mouvante,
Leur fibre s’endurcir et s’assécher leurs os,
Dans ses lacis profonds aux mailles refroidies,
Leur chair se faire pierre, et des veines roidies
Epaissir les tissus et figer les réseaux.

Laisse-leur la douleur qui s’étonne et mesure
Par quelle inéluctable et fatidique usure
La force doit décroître et le cœur s’appauvrir,
Et, comme dans l’argile une eau qui s’évapore,
Par le soleil des jours filtrée en chaque pore,
Leur pourpre lentement s’épuiser et tarir.