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LES TÉNÈBRES SUPRÊMES


 
Pour Pierre de Bouchaud.





Sur quelles mers, sous quels caps de l’infini sombre,
La flotte des soleils, aux pavois bardés d’or,
Eteindra-t-elle enfin ses feux, sanglants encor
Des suprêmes combats livrés aux Dieux de l’ombre ?

Combien d’humanités, nombrant par millions
Leurs âmes, lasses et lourdes de combien d’âges,
Auront donc fourmillé sur les puissants bordages
Des planètes tanguant au creux de leurs sillons ?

Que de fois aurez-vous, ô vivaces fournaises !
À l’étrave de feu des mondes, arboré,
Comme une enseigne aux crins chevelus, la forêt
Renaissante toujours des mortelles genèses,