Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/79

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Frondaison somptueuse aux grappes égorgées,
La vigne du massacre étend ses lourds rameaux.

Pendant que, submergeant les remparts et les crêtes,
La multitude, qui s’écroule par monceaux,
Bat, comme l’agonie aux profonds soubresauts
De quelque bête, dont les millions de têtes
Crèveraient un filet de piliers et d’arceaux.

La tempête du naphte emplit les avenues,
De ses flammèches d’or crible les toits squammeux,
Condense son averse en ruisseaux écumeux,
Et grésille, inondant des peuples aux chairs nues
D’une pluie inquiète et qui souffre comme eux.

Et l’immense nuée aux clartés de phosphore,
Dont l’orbe illuminé s’étoile en débordant,
Sphère sans orient comme sans occident,
Semble, d’un empyrée inaltérable, enclore
La cité de fer rouge et de basalte ardent.