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Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/48

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Nous fumerons ce soir de lourds quartiers de buffle
Aux lueurs des brasiers allumés sur les tours,
Et, sous l’anneau de fer qui fait saigner leur mufle,
Les taureaux de l’Elam mugiront dans tes cours.

Nous peuplerons tes parcs, pour tes chasses royales,
Des bêtes des déserts, des bêtes des forêts ;
Et le jour, offensant leurs prunelles ovales,
Les trouvera roidis aux mailles de nos rets.

Quand, pareil à l’Aïeul Nimroud, le chasseur d’hommes,
Éveillant les juments dans l’ombre des haras,
De cette même voix qui brise les royaumes,
O Shin-Akhé-Irib, tu nous appelleras,

Nous saisirons l’épée au dur tranchant, la hache
Et les épieux durcis aux flammes des bûchers,
Et le bouclier long fait de sept peaux de vache ;
Le carquois sonnera sur le dos des archers.

Nous forcerons pour toi, le Royal Sagittaire,
Les fauves pleins de soif qui rugissent le soir,
Et dont la voix salue en l’ombre solitaire
Shin, qui des hauts parvis balance l’encensoir.

Et tu verras bondir en hurlant, sur les croupes
De l’Ourartou terrible et de l’Elam impur,
Rabattus vers ton char, effarés et par troupes,
Tous les monstres promis à tes traits au vol sûr.