Sur les angles des rocs et les ronces des haies,
Tendu d’horribles peaux qui craquent dans les vents,
Et dans le sable ardent roulé, comme des plaies,
Sur leurs muscles entiers les écorchés vivants ;
Et, quand le soir tomba sur la Shéféla rouge,
De supplices repus et de carnage las,
Cherchant parmi les morts quelque blessé qui bouge,
Aiguisé sur ses os le fil des coutelas.
Ô Maître ! les captifs tordaient leur langue épaisse
Sous la boucle rivée à leurs dents, et, fouillés
Par le fer qui découpe et l’airain qui dépèce,
Hurlaient leur agonie aux quatre vents souillés.
Et ce soir, nous cloûrons aux formidables poutres
De la Salle où s’endort ta calme majesté
Des cuirs tannés de Rois qui, pareils à des outres
Vides, balanceront sur toi leur nudité :
Cependant qu’aux lueurs de les nuits enflammées,
Sous la dérision des éternels enduits,
Leurs têtes aux yeux creux, de parfums embaumées,
Aux palmiers de tes parcs pendront comme des fruits.
Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/55
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.