Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/70

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Règne éternellement : qu’en ta cité jalouse,
Les autels des vaincus fument devant ta tour.
De Shin-Akhé-Irib sois la Dame et l’Épouse,
Et qu’il siège à tes pieds sous le disque d’Asshour.

Mais dans Arba-Ilou sur neuf degrés s’élève
Le temple préféré de ta divinité,
D’où rayonne à ta voix, ô Maîtresse du glaive !
Sur le monde asservi ta double royauté :
Tu descends sur Nimroud dans les nuits éclatantes
Où brûlent les désirs ainsi que des flambeaux,
Mais, dans Arba-Ilou, les guerres haletantes
S’échappent de tes mains et, vers les rondes tentes,
S’envolent avec les corbeaux.

Règne ! et dans l’Ourougal, comme des bêtes mortes,
Jette tes ennemis sous tes pieds triomphants :
Car Shin-Akhé-Irib a, dans les villes fortes,
Crucifié l’aïeul et les petits enfants.

Il a brisé les dents des nations impies
Et chassé leurs troupeaux criards sous les bâtons.
Dans les charniers de mort, les vieilles, accroupies,
Cherchent, les yeux crevés, stupides, à tâtons
Dans les flaques de sang, avec des doigts farouches,
Quelque lambeau de chair humaine pour leur faim.
Mais leur langue coupée est muette en leurs bouches,
Et le seul bruit vivant est la rumeur des mouches
Tournoyant en joyeux essaim.