Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/72

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Règne ! ô glaive d’Ishtar, que nul venin ne rouille !
Quand le cycle éternel accomplira son tour,
De Shin-Akhé-Irib la royale dépouille
Dans ta crypte, ô Nimroud ! ira dormir un jour.

Mais tu le recevras, ô Dame des batailles,
Au seuil épouvanté des murs de l’Aral-lou,
Et quand se déploieront ses hautes funérailles,
Des tours de Ninouah aux tours d’Arba-Ilou,
Désertant les hauts lieux où luit ton simulacre,
Toi, l’Ishtar-aux-Lions, seule, tu descendras
Dans l’ombre où sera seul le Pasteur du massacre,
Et, sous la pourpre en feu qui l’inonde et le sacre,
Pour lui seul s’ouvriront tes bras.

Règne éternellement sous les voûtes de pierre,
Où s’agenouillera la stupeur des vaincus,
Où Shin-Akhé-Irib fermera sa paupière,
Parmi les grands aïeux et les siècles vécus.

Car tu le trouveras dans la chambre, où l’Ancêtre
Nimroud avait scellé le rocher sur son front :
Et les blancs étalons couchés auprès du Maître,
Pour te lécher les mains, Ishtar ! s’éveilleront.
Et ton geste, où l’épée éternelle flamboie,
Le redressera pur comme un céleste amant,
Dans la beauté de ceux qui suivirent ta voie :
Et tu l’emporteras, comme une fière proie,
Sur les marches du firmament.