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Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/84

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Sois maudit dans Zidon et sois maudit dans Zoûr !
Maudits les baalim et maudits les kabires,
Maudits les dieux des mers et les dieux des navires !
Par les carcans de fer qui rampent sur nos cous,
Par nos reins écrasés et broyés sous les coups,
Par nos ulcères, par nos fièvres, par nos plaies,
Par nos aïeuls râlant sur le sable et les haies,
Par les ailes du feu, du meurtre et de la faim,
L’abomination des crimes et l’essaim
Des pestes, des fléaux, des faulx et des supplices,
Dieux fourbes, Dieux menteurs, Dieux traîtres et complices
Dieux qui hier encor vous disiez immortels,
Soyez maudits, et des pierres de vos autels !



Dieux des Hâtti, Dieux des bergers et des Nomades,
Adorés sous la tente et sous les colonnades
Des palmiers d’Amaleq et des dattiers de El,
Que, des rochers d’Edom à la plaine de Sel,
Les aigles montagnards saluaient à l’aurore,
Par la cendre qui fume et le feu qui dévore,
Par la citerne fraîche et par les puits comblés,
Par la torche courant dans la pâleur des blés,
Par l’aire du faucon veuve de cris et d’ailes,
Par le vol triomphant des lances infidèles
Du torrent d’Isréel aux flots d’Ezion-Gueber,
Maudits, soyez maudits des sables du désert !