Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/87

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Ô Fort ! puisque ton bras s’est retiré de nous,
Que tu nous as vomis ainsi qu’une eau fétide,
Et poussés du talon jusqu’à l’égout sordide,
Comme la peau d’un bouc sur le fumier crevé ;
Puisque, de ton partage exclus et réprouvé,
Aux fossés de ta route, au pied de tes murailles,
Rejeté de ton seuil comme un monceau d’entrailles
Immondes, où les chiens lépreux des carrefours
Disputeront leur proie odieuse aux vautours,
Ton peuple agonisant et hurlant de famine
Pourrit tel qu’un ulcère où grouille la vermine ;
Par le palais d’Ahab et les Rois lapidés,
Par les vieilles serrant sur leurs ventres ridés
Les tout petits enfants écrasés sous les poutres,
Par les crucifiés gonflés comme des outres,
Par l’étal empesté dans les airs corrompus,
Par les crânes ouverts et les membres rompus,
Par l’opprobre exécré du mal héréditaire
Et l’imprécation qui monte de la terre,
Sois maudit, Iahvé Sabaoth, sois maudit !