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NIOBÉ.

Se heurte avec des cris de suprême épouvante.
Un immortel, un Dieu, œil ardent, l’arc en main,
Sur les murs vacillants pose un pied surhumain :
Et la mâle Artémis, ardente à la vengeance,
Au fraternel Archer sourit d’intelligence.
L’arc du Dieu retentit sous le trait assassin ;
Il vole, et de Tantale il va percer le sein.
Comme un jeune arbrisseau dans sa saison première,
La flèche d’Apollôn t’arrache à la lumière :
Tu regardes ta mère, ô jeune infortuné,
Et tu meurs ! — Mieux valait ne jamais être né !
Diane tend son arc, et la flèche altérée
Boit le sang de Néère à la tête dorée.
Elle tombe et gémit. L’Archer au carquois d’or
Attache Illionée à son frère Agénor ;
Le fer divin, guidé par une main trop sûre,
Les unit dans la mort par la même blessure.
Kallirhoé tremblante et pâle de terreur,
Veut éviter des Dieux l’implacable fureur…
Elle fuit, et sa mère en son sein la protège,
Mais Artémis rougit son épaule de neige ;
Jusques au cœur glacé le trait mortel l’atteint,
Et la vierge aux doux yeux dans un soupir s’éteint.
Sipyle a réuni tout son jeune courage ;
Debout, et l’œil tranquille, il contemple l’orage.
L’arc sacré frappe en vain son front audacieux,
Le fier adolescent meurt sans baisser les yeux.
Du Dieu de Maionie innocente victime,
Il révèle en mourant sa race magnanime.