Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/171

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Cétait l’heure où l’oiseau, sous les vertes feuillées
Repose, où tout s’endort, les hommes et les Dieux.
Du tranquille sommeil les ailes déployées
          Pâlissaient le ciel radieux.

Sur les algues du bord, liée au câble rude
Argô lavait plus sa proue au sein des flots amers ;
Et les guerriers épars, rompus de lassitude,
          Songeaient, sur le sable des mers.

Non loin, aux pieds du mont où croît le pin sonore,
Au creux de la vallée inconnue aux mortels,
Jeunes reines des eaux que Kyanée honore,
          Poursuivant leurs jeux immortels ;

Molis et Nikhéa, les belles Hydriades,
Dans la source natale aux reflets de saphir,
Folâtraient au doux bruit des prochaines cascades,
          Loin de Borée et de Zéphir.