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HYLAS.


MOLIS


Des cheveux ondoyants où la brise soupire
Ornent son col d’ivoire ; ignorant du danger,
Sur les fleurs et la mousse, avec un doux sourire,
          Il approche d’un pied léger.


NIKHÉA


Beau jeune homme, salut ! Sans doute une déesse
Est ta mère. — Kypris de ses dons t’a comblé.


MOLIS


Salut, bel étranger, tout brillant de jeunesse !
Heureux cet humble bord d’être par toi foulé.


NIKHÉA


Quel propice destin t’a poussé sur nos rives,
Quel soleil a doré tes membres assouplis ?
Viens, nous consolerons tes tristesses naïves,
Et nous te bercerons sur nos genoux polis.


MOLIS


Reste, enfant ! Ne vas plus sur les mers vagabondes :
Éole outragerait ta sereine blancheur.
Viens, rouge de baisers, dans nos grottes profondes,
          Puiser l’amour et la fraîcheur. —


Mais Hylas, oubliant son urne demi-pleine,
Et penché sur la source aux mortelles douceurs,
Écoutait, attentif, suspendant son haleine,
          Parler les invisibles sœurs.