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POÈMES ANTIQUES.

Assez tôt viendront les heures cruelles,
Ô ma bien-aimée, et la grande Nuit
Où nous conduirons, dans l’Hadès, sans bruit,
La danse des Morts sur les asphodèles !


II


LA COUPE


Prends ce bloc d’argent, adroit ciseleur.
N’en fais point surtout d’arme belliqueuse,
Mais bien une coupe élargie et creuse
Où le vin ruisselle et semble meilleur.
Ne grave à l’entour Bouvier ni Pléiades,
Mais le chœur joyeux des belles Mainades,
Et l’or des raisins chers à l’oeil ravi,
Et la verte vigne, et la cuve ronde
Où les vendangeurs foulent à l’envi,
De leurs pieds pourprés, la grappe féconde.
Que j’y voie encore Evoé vainqueur,
Aphrodite, Éros et les Hyménées,
Et sous les grands bois les vierges menées
La verveine au front et l’amour au cœur !


III


LA TIGE D’ŒILLET


Éros m’a frappé d’une tige molle
D’oeillets odorants récemment cueillis