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POÈMES ANTIQUES.


IV


Sur la montagne aux sombres gorges
Où nul vivant ne pénétra,
Dans les antres de Lipara
Héphaistos allume ses forges.

Il lève, l’illustre Ouvrier,
Ses bras dans la rouge fumée,
Et bat sur l’enclume enflammée
Le fer souple et le dur acier.

Les tridents, les dards, les épées
Sortent en foule de sa main ;
Il forge des lances d’airain,
Des flèches aux pointes trempées.

Et Kypris, assise à l’écart,
Rit de ces armes meurtrières,
Moins puissantes que ses prières,
Moins terribles que son regard.


V


Le divin Bouvier des monts de Phrygie
Goûte, les yeux clos, l’éternel sommeil ;
Et de son beau corps, dans l’herbe rougie,
          Coule un sang vermeil.