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POÈMES ANTIQUES.


CYNTHIA.


La source s’assoupit et murmure apaisée,
Et de molles clartés baignent les noirs gazons.
Qu’ils sont doux à mes yeux vos calmes horizons,
Ô bois chers à Gallus, tout brillants de rosée !


GALLUS


Que ton sommeil soit pur, fleur du beau sol latin !
Oh ! Bien mieux que ce myrte et bien mieux que ces roses,
Puissé-je parfumer ton seuil et tes pieds roses
De nocturnes baisers, jusques au frais matin !


CYNTHIA.


Enfant, roi de Paphos, remplis ma longue attente !
Une voix s’est mêlée aux hymnes de la nuit...
Ô Gallus, ô bras chers qui m’emportez sans bruit
Dans l’épaisseur des bois, confuse et palpitante !


GALLUS


Dans le hêtre immobile où rêvent les oiseaux
On entend expirer toute voix incertaine ;
Viens ! un Dieu nous convie ! En sa claire fontaine
La naïade s’endort au sein des verts roseaux.


CYNTHIA.


Voile ton front divin, Phœbé ! Sombres feuillages,
Faites chanter l’oiseau qui dort au nid mousseux ;
Agitez les rameaux, ô Sylvains paresseux !
Naïade, éveille-toi dans les roseaux sauvages !