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ÉTUDES LATINES.

Un vent frais amollit l’air aigu de l’espace ;
L’été brûle, et voici, de ses beaux fruits chargé,
L’automne au front pourpré ; puis l’hiver ; et tout passe
          Pour renaître, et rien n’est changé.

Tout se répare et chante et fleurit sur la terre ;
Mais quand tu dormiras de l’éternel sommeil,
Ô fier patricien, tes vertus en poussière
          Ne te rendront pas le soleil !



XII.


SALINUM.


Il est doux de garder sur sa table frugale
La salière antique, et d’aimer le sommeil,
Et de ne fuir ni soi ni sa vie inégale,
          En changeant toujours de soleil.

Le souci, plus léger que les vents de l’Épire,
Poursuivra sur la mer les carènes d’airain :
L’heure présente est douce : égayons d’un sourire
          L’amertume du lendemain.

La pourpre par deux fois rougit tes laines fines ;
Ton troupeau de Sicile est immense, et j’ai mieux :
Les muses de la Grèce et leurs leçons divines,
          Et l’héritage des aïeux.