Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
POÈMES ANTIQUES.


Du courlis siffleur l’aube saluée
Suspend au brin d’herbe une perle en feu ;
          Sur le mont rose est la nuée ;
          La poule d’eau nage au lac bleu.

Pleurez, ô courlis ; pleure, blanche aurore ;
Gémissez, lac bleu, poules, coqs pourprés ;
          Vous que la nue argente et dore,
          O claires collines, pleurez !

Printemps, roi fleuri de la verte année,
O jeune Dieu, pleure ! Été mûrissant,
          Coupe ta tresse couronnée ;
          Et pleure, Automne rougissant !

L’angoisse d’aimer brise un cœur fidèle.
Terre et ciel, pleurez ! Oh ! que je l’aimais !
          Cher pays, ne parle plus d’elle :
          Nanny ne reviendra jamais !



III




Ta rose de pourpre, à ton clair soleil,
          O Juin, étincelle enivrée ;
Penche aussi vers moi ta coupe dorée :
          Mon cœur à ta rose est pareil.