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ÇUNACÉPA.

Un murmure joyeux s’exhalait des halliers ;
Autour du miel des fleurs, les essaims familiers,
Délaissant les vieux troncs aux ruches pacifiques,
S’empressaient ; et partout, sous les cieux magnifiques,
Avec l’arôme vif et pénétrant des bois,
Montait un chant immense et paisible à la fois.
Sur son cœur enivré pressant sa bien-aimée,
Réchauffant de baisers sa lèvre parfumée,
Çunacépa sentait, en un rêve enchanté,
Déborder le torrent de sa félicité !
Et Çanta l’enchaînait d’une invincible étreinte !
Et rien n’interrompait, durant cette heure sainte
Où le temps n’a plus d’aile, où la vie est un jour,
Le silence divin et les pleurs de l’amour.