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POÈMES TRAGIQUES.


Devant eux, et par bonds de sa jument de Perse,
Don Pedro court, ayant, à l’arçon suspendu,
Un faisceau de djerrids aigus dont il les perce,
Joyeux que nul des traits dardés ne soit perdu.

Enfin, clouant l’Émyr d’un dernier coup, il crie :
— Ceci te convient mieux qu’un trône Grenadin,
Chien maudit ! — Roi ! petite est ta chevalerie,
Dit le maure, tranquille, en crachant de dédain.

C’était écrit. Allah donne à chacun sa tâche :
Tu devais m’égorger pour me voler mon bien.
Je suis content qu’un roi chrétien ne soit qu’un lâche,
Et, comme j’ai vécu, je meurs debout. C’est bien. —

Don Simuel, pendant ceci, suppute et pèse
Sequins et diamants, perles et dinars d’or.
Il fait sa part, il rit, et son trouble s’apaise,
Car cette bonne aubaine a comblé le Trésor.