Aller au contenu

Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
231
LES ÉRINNYES.


XI
ORESTÈS, Le cadavre de Klytaimnestra ;
puis, les Érinnyes.
ORESTÈS.

Malheur à toi, c’était ta mère ! Eh bien ! qu’importe ?
J’ai racheté mon sang, et la vipère est morte.
Elle empoisonnait tout de sa morsure. Elle a
Tué l’homme et vendu l’enfant… Mais la voilà
Tranquille maintenant, et pour jamais, je pense.
Des équitables Dieux j’attends ma récompense !

Il regarde le cadavre.

Qu’elle est grande ! On dirait qu’elle m’écoute… Non !
Je l’ai frappée au cœur, sûrement. L’acte est bon.
Justice est faite. Il faut que tout forfait s’expie.
Ils siégeaient, triomphants, dans leur puissance impie,
Les mains chaudes du meurtre ; ils se disaient, contents :
« Nous avons tout, le trône et le sceptre éclatants,
« Et la vieille maison du roi Pélôps ! nous sommes
« Les Dynastes d’Argos et les pasteurs des hommes ;
« Commandons, aimons-nous, et vivons sans remords. »