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LES ÉRINNYES.

L’action qu’il a faite est droite et légitime !

Deux Érinnyes se dressent de chaque côté du tombeau.

Ah ! Qu’est-ce que cela ? D’où viennent celles-ci ?
Vieilles femmes, parlez : que faites-vous ici ?

Trois Érinnyes apparaissent autour du cadavre.

Encore ! Par les Dieux ! ces faces de squelettes
Pour mordre ont retroussé leurs lèvres violettes.
Ah ! Monstres, vous grincez des dents affreusement !
Arrière !

Les Érinnyes apparaissent de tous côtés.

Arrière ! En vérité, c’est un fourmillement
De spectres ! Et je suis traqué comme une proie !
L’épouvante me prend à la gorge, et la broie !
Non, ce n’est point un songe, et je suis là, debout,
Éveillé ! Malheureux ! c’est cela, je sais tout :
Ce sont Elles, ce sont les Chiennes furieuses
De ma mère !… Pourquoi rester silencieuses ?
À qui me montrez-vous de vos doigts décharnés,
Ô Louves de l’Hadès ? Je vous attends, venez !
Vous ne vous trompez pas. C’est moi ! je l’ai frappée !
Voyez ce sang. La terre en est toute trempée.
Il m’inonde les pieds, il me brûle les mains.
Mais, quoi ! vous le savez, ô Monstres inhumains,
Elle a tué mon père. Eh bien ! j’ai fait justice :
La voici morte. Que l’abîme l’engloutisse,