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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/102

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le prince ménalcas

y ajouter foi. Vous seriez-vous jamais imaginé qu’hier matin, à son petit lever, Son Altesse, au lieu de répondre aux salutations et compliments de votre serviteur, a bâillé prodigieusement en me tournant le dos, puis s’est prise à dire avec exaltation ces mots dénués de tout sens : « Ô Wilhelmine ! ô Wilhelmine ! »

LE DOCTEUR SCIENTIFICUS.

Quant aux bâillements du prince, chambellan, ceci est de peu d’importance. Vous êtes un homme grave, Muller, essentiellement grave ; Son Altesse est bien jeune, il se peut que vous l’ennuyiez.

LE CHAMBELLAN MULLER.

Vous parlez légèrement, docteur Scientificus. Votre supposition me semble superficielle. Mes paroles ne sauraient ennuyer Son Altesse, puisqu’elles sont d’étiquette et qu’elles datent du règne de feu son glorieux bisaïeul, le prince Ménalcas troisième.

LE DOCTEUR SCIENTIFICUS.

Je veux bien ne pas relever les deux épithètes incongrues dont vous vous êtes servi, Muller, à l’égard de ma supposition et de ma façon de parler en général ; n’y pensons plus.