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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/105

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le prince ménalcas


LE DOCTEUR SCIENTIFICUS.

Son Altesse serait-elle aliénée ?

LE CHAMBELLAN MULLER.

Je vous confierai tout bas, docteur, que dans mes heures de profonde méditation, cette idée lumineuse m’était déjà venue. C’est pourquoi j’ai pris le parti de vous faire prévenir à l’insu de tous. Son Altesse sort de bonne heure depuis quelques jours, et vient se promener ici, en défendant à qui que ce soit de la suivre. Vous avez un grand empire sur elle, et sans qu’elle puisse se douter de rien, vous pourrez étudier sa maladie et la guérir, s’il plaît à Dieu.

LE DOCTEUR SCIENTIFICUS.

Diable ! chambellan, vous me conférez une fort lourde responsabilité. Retirez-vous cependant, Muller ; j’ai besoin de méditer quelque temps, avant la venue de Son Altesse. Ces diagnostics me semblent fort graves. Voyons, récapitulons bien : d’abord, elle bâille aussitôt qu’elle vous aperçoit, n’est-ce pas ? En second lieu, elle chante une chansonnette où il est question de laitières et de... de quoi est-il encore question dans cette chansonnette, Muller ?