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marcie

que le bruit sourd des larges gouttes de pluie qui frappaient les toits de bardeaux.

Pendant ce temps, M. de Gaucourt et Job galopaient sur la route de Saint-Paul, route tortueuse et grossièrement pavée de galets fendus en deux, bien différente de la belle et large voie qui entoure l’île aujourd’hui. La pluie tombait à torrents, et des bouffées d’un vent chaud et lourd passaient par intervalles avec une sorte de gémissement à travers les bois noirs et les dattiers qui bordaient le chemin. Bientôt la nuit devint tellement épaisse que les chevaux cessèrent instinctivement de galoper.

— Sacredieu ! dit le chevalier, quel abominable temps ! J’ai eu là une sotte idée. Au reste, il ne s’agit pas de se plaindre, mais d’avancer. Dis donc, Job !

— Monsieur ?

— Tu dois connaître un chemin de traverse par ici.

— Oui, Monsieur, il y a celui qui passe devant la case de M. Fleurimont.

— Le vil coquin ! si jamais je le rencontre... Eh bien ! où est-il, ce chemin ?

—Par là, Monsieur, à gauche, mais il est plein de roches ; les chevaux ne voudront pas marcher, il faut aller à pied.

— Que le diable t’emporte ! j’aurai de la boue jusqu’aux genoux.